Ce jour-là, la chaleur aux abords de Quito était particulièrement étouffante. La végétation épaisse et luxuriante, la faune immobile… Tout, aux alentours de sa hutte en pierre, contribuait à cette sensation d’écrasement.
Rimac, accroupi, ne semblait nullement affecté par la température. Son front et ses yeux fiévreux brillaient d’un même éclat.
Cette pierre de soleil, qu’il avait dérobée de manière totalement impulsive, avait déclenché en lui une fascination telle, que nulle autre pensée ne l’avait traversé depuis.
Il avait tué pour elle. Plus rien ne serait comme avant.
Les tremblements qui avaient parcouru ses mains après cet acte fou s’étaient retrouvés instantanément apaisés tandis qu’il caressait avec douceur la surface sablonneuse du précieux artefact.
Son existence avait été jusqu’alors misérable. Il bâtissait des ponts, dont la longueur avoisinait les cent mètres, pour une solde de misère. Ces prouesses architecturales constitueraient une énigme que nul mortel ne percerait avant le second millénaire, mais son nom n’y serait jamais affilié.
Mais tout cela ne lui suffisait plus. Au fond de lui, il savait qu’il n’était pas qu’un simple ouvrier. Un tout autre destin qui l’attendait. Là, plus profond.
Cette pierre lui permettait de voir dans le futur.
Il ferma les yeux et tenta de voir ce qui se trouvait au-delà des portes de la perception.
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J’avais envie d’une intro dramatique.
Dans ma vie de ruemen, les grillades furent nombreuses et délicatement salées.
Chers enfants, laissez-moi vous conter ma dernière fable.
Windows et le pingouin m’avaient déjà pas mal égratigné.
Je m’étais jusqu’alors éloigné de la pomme, de par mon côté radin&radin®.
C’était le temps d’avant.
Le vent parcourait les collines, de son souffle rieur.
Bref, j’avais à mon boulot un macbook pro de 2009 – ce détail aura de l’importance- à mettre à jour, vu que la version 10.6.8 n’était plus trop d’actualité.
Connaissant vaguement la logique d’Apple, je me suis dit qu’il fallait payer pour la version suivante. Et voilà que je trouvais sur le store la version suivante, 10.8.6, qui me tendait les bras pour la somme modique de 20€.
Dans mon inconscient, l’amiral Ackbar déclamait « C’est un piège ! ».
Mais je ne l’écoutais pas et déboursais sans plus réfléchir ladite somme, et effectuait cette mise à jour, tel un seigneur, ignorant ce appel.
Et tout s’est bien passé !
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Mais évidement l’histoire ne s’arrête pas là.
Sous cette version, on ne peut pas avoir la dernière mouture de Firefox, et ça m’a gavé car je suis buté. Donc je me suis dit que j’allais regarder pour la suivante version de mac os.
Et là, stupéfaction, les suivantes étaient gratuites.
Je me suis aperçu que j’avais banqué 20€ pour rien. La bonne loose.
J’imagine que je dois être l’un des seuls tocards sur terre en 2017 à avoir balancé 20 balles pour une version de macOs qui n’a globalement aucun intérêt. Ils auraient pu m’imprimer « ha-ha-ha », le fameux rire trisyllabique, sur la facture.
Et bien sûr, la version suivante, 10.9.5, nommée mavericks, est trouvable sur l’Apple Store… Enfin si on se fie aux tutos périmés que l’on retrouve sur le net. Car non, il ne reste plus que la toute dernière, Sierra, sur le store, qui ne fonctionne pas avec mon portable trop vieux.
Qu’est-ce qu’on rigole ! Merci ! Encore ! Construisez-moi un dindon, que j’en devienne la farce !
Heureusement, le site macdrug, dont le nom aurait dû légèrement éveiller quelques soupçons en moi, semblait m’indiquer une marche à suivre pour ce cas fort désagréable.
Quelqu’un savait ! Le sauveur était là, quelque part, peut-être habitait-il Espenel ou un lointain village portuaire en Équateur. Mon esprit s’émerveillait du miracle de la technologie. Le lien se dirigeait de façon cérémonieuse vers ma barre de favoris, bousculant d’autres dont l’intérêt devenait soudainement fade à mes yeux.
http://macdrug.com/download-mac-os-x-10-9-mavericks-dmg-without-apple-store/
Sur cette page, de quoi télécharger sous de formes multiples une image du système, puis une recette miracle pour l’installer sur une clef USB.
J’ai téléchargé toutes les versions.
20Go de téléchargement, à des débits plus ou moins pourris.
J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps, j’ai espéré, ignorant la raison, en me disant que tout se passerait comme dans le tuto.
Je ris encore, pensant au logiciel qui devait m’aider à créer la clef bootable, diskmaker, refusant toute coopération, au-delà de toute logique.
Et voilà le rien, des heures perdues, que j’aurais pu consacrer au développement infini de ma skill à mariokart.
Dans mon désespoir, je me mis à la lecture des commentaires de la page, me disant que tout était foutu. Et là non, parmi des flots d’insultes, un lien redirigeant vers une autre page de macdrug me promettait un avenir radieux.
J’avoue que ma confiance en ce site s’était légèrement cassée la figure. Mais d’autres choix, je n’avais pas.
http://macdrug.com/download-and-create-usb-mac-os-x-installer/
Ce site possédait deux versions de la méthode. Une bonne, une pourrie. La pourrie était mieux référencée. Après un énième téléchargement et une légende mal faite qu’il fallait interpréter à sa façon, la mise à jour eu lieu. Firefox fut installé ainsi que la dernière version de moult autres logiciels.
Voilà donc qui évitera quelques grillades à un simple mortel, peut-être.
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Rimac laissa échapper la pierre. Son angle inférieur droit se brisa contre le sol, dans un bruit sec.
Soudainement désintéressé, il prit sa flûte de pan et se mit à jouer un air frénétique, qui se mua progressivement en lente mélopée hypnotique.
Il savait désormais que l’humanité serait perdue.
Dans le sol poussiéreux de son habitation, il grava frénétiquement à l’aide de son bâton cet étrange symbole.
No future.