Dans la vie, il faut avoir une sorte d’hygiène mentale rigoureuse. C’est pour ça que tous les 6 mois, les lendemains de pleine lune, j’écris un article sur le fameux blog MONDIALEMENT CONNU d’alarue.org, le site qui va peut-être un jour s’auto-catalyser. J’imagine le MILLION d’internautes qui appuie tous les jours 5 fois sur la page refresh de son navigateur, et qui se lamente que le fameux binôme JRS ne partage pas une de ses mésaventures cauchemardesque dont tout le monde se sort grandit, comme après un épisode de la petite maison dans la prairie.
Bref. J’avais envie d’écrire bref, mais maintenant avec la série bref on peut plus trop, on a l’impression de s’attaquer à une quasi propriété intellectuelle. Donc je dirais, donc.
Donc, j’avais récemment (re)vu Lost in Translation. Parlons une minute de ce dernier, si ça vous dérange pas (cherchez pas, vous avez pas le choix). Lost in Translation filmait avec assez de justesse le choc de culture et l’isolement. J’ai piqué ça sur Wiki – j’ai l’impression d’écrire un exposé sur les incas. Puis dans Lost in Translation, il y avait Bill Murray et son über-coolitude. Plus tard, je veux être Bill Murray.
Puis là je le suis mis à Somewhere, dernier film de Sofia Coppola, dont voici le résumé (allociné cette fois) :
Johnny Marco, auteur à la réputation sulfureuse vit à l’hôtel du Château Marmont à Los Angeles. Il va recevoir une visite inattendue : sa fille de 11 ans.
On pourrait penser qu’il va se passer des choses dans le film. En fait, il ne se passe rien. Ce n’est pas le résumé ci dessus, mais plutôt le spoiler. Il s’agit d’un tour de force artistique assez impressionnant : pendant 1h30 on se sent sous vide, tel un sachet de cacahouète. Le plus terrible c’est qu’on attend qu’il se passe quelque chose jusqu’au bout, la sueur au front. En fait rien, générique, et quedalle.
Là où je voudrais développer mon point de vue, c’est que c’est un film dont on sent qu’il a une certaine prétention, et qui cherche l’ultra minimalisme comme une sorte d’art absolu. Ouais je vais filmer mon super-acteur et sa coupe de cheveux, le regard perdu sur son canapé, buvant une bière, c’est trop deep parce que c’est le quotidien des gens un peu glandeurs-cool, et ça va être une sorte de miroir (sauf qu’on a pas de thunes et qu’on boit des panachés).
Les autres scènes sont toutes autant passionnantes. Le père joue à la Wii avec sa fille, filmé à l’arrache, mais volontairement ! Car là est vraiment toute la subtilité du film. Si un jour tu te filmes en train de manger tes pâtes après ta partie de counter – le tout en penchant un peu la caméra et à contre jour – tu peux fièrement t’auto-proclamer l’héritier de Coppola. Mais attention après il faudra dire que ouais, c’est l’immensité du vide abyssal du monde moderne, et de sa cruelle monotonique vicissitude que t’as filmé, et pas toi qui fout rien. Sinon tu risques de passer pour un tocard, de vanter la qualité d’une sorte de téléréalité transposée en film, et qu’en fait 2 millions de personnes en ferait tout autant avec leurs webcams.
On sent qu’on veut également nous faire accéder à un puissant abîme, donc on se renseigne un peu. Car oui, on en veut à la terre entière après le film. On découvre qu’en fait c’est un hommage que fait Sofia à son père, le réalisateur fameux – Francis Ford de son prénom – qui vivait reclus dans son château. Et qui devait conduire de grosses voitures, mais que voilà il est triste quand même. Attention je dis pas que l’argent fait forcément le bonheur, mais bon je vais pas pleurer non plus sur la solitude des gens qui ont trop de pognon. C’est donc un témoignage très personnel, car faut dire je n’ai pas de parent réalisateur millionnaire, comme 99,9% des gens en fait. On peut se poser la question de pourquoi partager un tel moment, à part pour se vautrer allègrement dans son égoïsme ou exorciser un pseudo trauma de son enfance ?
Mais il y a toujours du monde pour défendre ce genre de film. Alors si tu aimes la snobitude ou que tu trippes sur la vie des riches, ça fera 5 étoiles sur Allociné.